Quand la singularité architecturale nuit à l'identité collective

Publié le par Eva Mantendre

Quand la singularité architecturale nuit à l'identité collective

La multiplication des toits plats ailleurs que sur des bâtiments industriels m'irrite passablement, je m'étonne d'ailleurs que nos amis des Paysages de France ne se fassent pas plus entendre sur ce sujet dont le nouveau quartier de Laufromont-Point de vue semble en être une illustration caricaturale. Allez vous y balader à pied: on a l'impression d'être dans le décor de cinéma et pouvoir y rejouer  «  Mon oncle»  de Jacques Tati. La construction contemporaine de type passif est un bel alibi pour construire du moche. Est-ce que la commune est obligée d'accepter des verrues pareilles sur des emplacements aussi visibles ?

 

La France a donné sans succès dans la boite à chaussure tout le long des années 60-70 avec le développement des cités et des logements sociaux, des Zones Artisanales et Commerciales ( ZAC) à Urbanisation Prioritaire (ZUP) ou industrielles, sous prétexte de modernité et d'accession rapide à la propriété au sein de logements verticaux. Si Epinal centre a bien résisté jusqu'à présent à une telle invasion du « vite-fait-pas-cher-utile», on peut s'étonner des millions investit en centre ville par la municipalité dans son quartier historique afin de créer une identité forte, ancrée dans son histoire, et parallèlement laisser pousser des constructions cubiques blanches à toit plat d'extraterrestre (sans parler du parking-prison Saint Michel). Le besoin de logement n'est pas criant au point qu'on laisse carte blanche à toutes ces formes d'ovni impersonnels, revendiquant par leurs aspects modernistes «corbusiens »  le statut social de leurs propriétaires.

 

 

Quand la singularité architecturale nuit à l'identité collective

Des goûts et des couleurs....

« Les maisons cube c'est froid et plat, anonyme et intemporel. Ca pue le minimalisme bourgeois, le bobocolo en surface, le hors sol et le non respect du durable et des impératifs de circuit court »   commente Marcelle la chroniqueuse spinalienne, spécialiste vosgienne de la punch line et du cadre de vie hyperlocal. «  On peut me taxer de conservatisme, sachant que les goûts et les couleurs sont le reflet de l'époque. Mais c'est le propre des libres penseurs de ne pas se laisser influencer par leur milieu ou la société. C'est pitoyable de voir de telles constructions néo-industrielles à habiter. Les architectes ont manifestement l'imagination bridée par leurs clients ou promoteurs, les contraintes normatives ou financières. Pour les nouveaux propriétaires, quand ils auront un mètre de neige glacée sur la tête, ils comprendront. Ils ne vont pas rigoler, obligés qu'ils vont être, de monter en toiture pour évacuer la neige. Ou nettoyer leurs chaîneaux et façades blanches deux fois par an » .

 

Quand la singularité architecturale nuit à l'identité collective

Construire avec correction

 « Faire du moche devient la règle, mais être obligée de le constater chaque fois qu'on lève la tête vers les coteaux de Laufromont ou du Point de vue à partir du centre ville est irritant...C'est un manque de correction et de respect de son environnement. C'est pire que les derniers bâtiments construits par des promoteurs ou le Conseil Départemental rue de la Préfecture. Dans tous les cas on reste dans la perspective de la basilique qui est protégée. Si le particulier de centre ville doit respecter des contraintes de rénovation excessives ( huisseries en bois, interdiction de volets roulants PVC, absence de percements, etc... ) pour ne pas dénaturer l'esprit des lieux de la fin du XIXème; sur les hauteurs, tout semble possible aux particuliers et promoteurs » confirme Yohann qui habite rue Abel Ferry.

 

Quand la singularité architecturale nuit à l'identité collective

Disparité singulière ou identité commune

«  Au global sur la ville, il n'y a aucune harmonie ( sauf pour les impôts fonciers excessifs), le contexte urbanistique n'est pas préservé. Ou plutôt, il y a deux poids et deux mesures dont la logique m'échappe. Il serait illusoire de vouloir préserver un paysage harmonieux, ce bien collectif après qui tout le monde court » appuie Gérard, propriétaire de son logement à Chantraine.  Marcelle enchaine: «  Je suis comme De Gaule, contre les machins. Mais si les élus manquent de courage, il est encore temps de mettre en place une commission d'esthétisme utile, une structure paritaire locale qui élabore un règlement d'urbanisme  municipal comme en Alsace. Le bon sens paysan ça se partage. L'identité urbanistique commune peut apporter au tourisme local. On n'est pas en Californie ici, ou dans un pays neuf. La disparité des nouvelles frontières ce n'est pas pour nous, il faut s'y faire »

 

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