Le défilé des Faux-culs à la télé

Publié le par Eva & P.O.

La récupération politicienne des manifestations autonomes des Gilets Jaunes s'est déchainée alors que syndicats et partis avaient pris grand soin de ne pas scier la branche sur laquelle ils sont installés, la représentativité électorale classique. Pas d'élection démocratique au sein des GJ, de représentants dénommés et donc pas de reconnaissance par le pouvoir malgré l'existence d'une France populaire qui va mal, qui a du mal à se faire entendre malgré son audience.  Après avoir tenté maladroitement de l'ignorer, la méprisant même, puis se crispant par l'usage de la force, Castaner ( ministre de l'intérieur ou de la propagande?  ) a été non crédible de bout en bout en essayant de diaboliser par tous les moyens les manifestations pacifiques dans leur plus grand nombre, leur imputant des morts de la circulation routière. Il est même parvenu a être pris en flagrant délit de Fake news en tentant de réutiliser l'histoire et les évènements du 6 février 1934.

 

Les GJ du 23 novembre place Foch d'Epinal

Les GJ du 23 novembre place Foch d'Epinal

La surmédiatisation de l'exécutif  à la vénézuélienne, effectuant un bilan des morts et blessés en rejetant massivement la faute sur les agissants ( sous-entendu irresponsables et fauteurs de trouble ), glorifiant les forces de l'ordre qui défendent l'état de droit au péril de leur vie est une manifestation pathétique de l'ancien monde que l'on pensait disparu. L'exécutif macronien n'est pas sorti grandi de cet épisode. Surtout lorsque des images d'usages disproportionnés de la force publique circulent sur la toile. Quant aux élus, seul Jean Lassalle ( on ne pouvait en attendre moins de la part de notre agriculteur béarnais free style ) a manifesté à l'assemblée nationale et avec détermination son soutien pacifique. A Epinal l'ambiance bon enfant est restée de mise, les manifestants déplorant toutefois le gachis,  ( la perte de barbecue, de matériel et de caddies de nourriture ) lors des interventions policières sans préavis suffisants.

 

"Qui est velu, n'est pas plus couillu "

"Qui est velu, n'est pas plus couillu "

L'incapacité fonctionnelle  des élus et des structures à se remettre en cause

Sur le plan national, sous le prétexte implicite que les manifestants sont une minorité active non structurée, les élus de tous les partis institutionnels les ont disqualifiés en bloc, laissant la place aux populistes attrape-tout. Dédaigneux, les politiciens tenants du bi-partisme  n'ont pas su rebondir autrement que par leurs procédures habituelles de concertation lente et progressive, pilotées par les hiérarchies engluées dans leurs contradictions électoralistes avec pour objectif de ne pas se laisser déborder sans pour autant cautionner une non-organisation apolitique et pacifique, un « nid grouillant de provocateurs révolutionnaires » affirmait en rigolant devant la Préfecture vendredi dernier Myriam de Dompaire, secrétaire médicale et membre de la famille des Colère 88. Un manque d'agilité qui va se payer dans les urnes: la colère des français qui ont du mal à finir leurs fins de mois, qui se sentent discriminés et incompris dans leurs provinces  ( et qui à fortiori ne savent pas ce que c'est un restaurant à 200 euros par personne ), concerne tout de même la moitié de la population... et des électeurs. « Macron est buté, nous aussi ! » manifestent Marie-Ange et Magalie en statique au milieu d'un passage piéton. « On travaille dans le tertiaire, dans le service à la personne, et ont est obligées de prendre notre voiture tous les jours pour quelques heures de travail. J'ai acheté une maison avec mon conjoint, on est endettés et toutes les fins de mois c'est au 10 ! ». « Le pire c'est qu'il assume pas. Mercredi on s'est fait expulsés comme des malpropres par les CRS, alors que peu de temps auparavant ils venaient se chauffer avec nous au barbecue et manger des cacahuètes. On a même ramené nos sacs poubelles à Vittel ou j'habite. C'est pas l'illustration d'un mouvement citoyen ça ? Mais on n'a pas les moyens financiers, alors on va pas manifester à Paris » affirme avec détermination et bonne humeur Marie qui se reconnait déçue mais reste déterminée.

 

Les tenants de la VIème république peuvent se frotter les mains dans l'espoir d'une vague d'adhérents au printemps afin de tourner cette page étouffante de bureaucratie et de bourgeoisie d'état inconsciente. Les conséquences vont se mesurer aux européennes alors que l'enjeu n'a rien à voir.

 

Jean Lasalle, fidèle à son engagement envers la France périphérique continue de résister

Jean Lasalle, fidèle à son engagement envers la France périphérique continue de résister

Le consommateur paye toujours

 50% de la France conteste le modèle de société que souhaite leur imposer les élites ( politiques, syndicales ou économiques ), faite d'une surfiscalisation qui les dépossède de 52% de la richesse produite dans le pays, et donc indirectement de leur argent et de leur épargne. Un modèle collectiviste qui se résume à une perte de liberté, et tout particulièrement  d'action. Pour Joël qui ne manifeste pas cette fois-ci en gilet, mais qui reste solidaire « lorsque l'on sait que l'on est taxé de 60% lorsqu'on veut se déplacer en véhicule automobile, de pratiquement autant lorsqu'on se chauffe ou que l'on use de l'électricité ( majoritairement décarbonnée, un comble ! ) on n'est peut être pas pris pour des moutons qu'on tond là ? ». « Après la solidarité demandé aux retraités avec la CSG, l'hypocrisie gouvernementale qui tente d'habiller de motifs environnementaux une véritable taxe comportementale, puisqu'elle est brutale et sans alternative, a été la maladresse-étincelle qui a mis le feu à la cocotte ». Même s'il sait qu'il est en bout de chaine et donc finalement pénalisé, le consommateur ne veut pas être systématiquement mis à contribution pour financer les marottes médiatiques des gouvernants.

Quelle sortie de crise?

Identitaires et néolibéraux sont soupçonnés d'avoir noyauté le mouvement, mais s'ils sont présents ils sont une minorité invisible à Epinal. C'est une population qui travaille, qui est ou a été active qui manifeste, et qui souhaite une solution directe, lisible et compréhensible. Et non une nouvelle démonstration technocratique à base de formulaires  qui requièrent  temps et compétences  administratives ou intellectuelles. Les français veulent se sentir libre et porteurs d'espoir. Or les tyrans modernes ne répondent à rien, ils font barrage et réorientent la colère vers une violence manichéenne d'un autre temps. C'est une erreur propre à notre temps de transition technologique, alors que l'information circule en dehors des canaux institutionnels. Les manifestations de Podemos, les printemps arabes, Nuits debout et autres avatars en avaient déjà donné l'illustration. La sortie de crise ne se fait plus à la télévision, par la captation du temps de parole mais par la reconnaissance de l'opposition populaire et de l'erreur commise puis par la mise en place pédagogique de comportements vertueux des agents économiques grâce à des incitations positives et un accompagnement à la carte. Avec un financement transparent et direct, la transition énergétique n'en sortira que préservée. Vouloir tout, tout de suite et en même temps, est une pratique maladroite, mégalomaniaque ou infantile ( au choix du lecteur ) inadaptée à la situation actuelle. Avoir le courage de le reconnaitre n'est pas disqualifiant, mais au contraire est à l'honneur  des dirigeants.

Eva Mantendre ( chroniqueuse polémiste ) & P.O. ( témoignages des manifestants )

Publié dans Social, Economie

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