Marcelle n'est pas debout la nuit
Même si je suis retraitée, et donc potentiellement disponible pour manifester mon incompréhension des agitations médiatico-politiciennes, je me garderai bien de rester debout la nuit.
D'abord par hygiène de vie. Mais aussi par souci de non récupération et de manipulation de ma présence. Ce qui est manifestement en train d'arriver, par une intelligentsia agitato-propagandiste qui se caractérise par son choix du "n'importe quoi" plutôt que la "molattitude" électoraliste de "pépère-Président-normal".
Rien ne nait instantanément du vide ou du chaos
Les médias en mal de lignes se sont empressés de populariser une manifestation parisienne symbolique et dérapante qui peut se résoudre à une expression de la désespérance nationale. Il n'est pas question de refuser de comprendre cet appel au secours. Mais se faire écho aux préoccupations de son temps, de la peur du déclinisme, de l'angoisse par absence de sens et de projet de société, de la défiance des élites, de la bourgeoisie d'état et des structures potentiellement constituées pour défendre le bien public, ce n'est pas un programme: ce sont des expressions émotionnelles négatives et confuses. Déranger, faire culpabiliser et bousculer ne ravivera pas l'optimisme et l'espérance. Aiguillon de l'inutile, cette manifestation boboisante est condamnée à rester un épiphénomène politique. Son absence de capacité de fédération du mécontentement permanent est manifeste, le spectre bien trop large de la mésestime franco-francaise ne permet pas l'éclosion d'un "Podemos" ou d'un "Siryza" de pays traumatisés par une crise budgétaire occultée par l'hypocrisie de sa classe politique . Prenons toutefois garde que par une combinaison de réaction instinctive et bêtise, les électeurs ne soient menés à se jeter dans les bras du premier populiste autodestructeur et identitaire venu.
La meilleure alternative...
"Soyez le changement que vous voulez voir en ce monde" disait Gandhi, et c' est la meilleure alternative dans notre future société d'inactifs-pensionnés -surendettés, puisque tel est le monde qui nous est promis par notre élite anesthésiante, fruit imputrescible de notre système politique conformiste. Cela fait longtemps que je me suis exonérée du mythe démagogique, collectiviste et communard de l'intelligence du groupe et de son expression efficace par centralisation démocratique. Je propose donc que l'on s'extrait d'une territorialité handicapante, pour pratiquer un anticonformisme créatif et ouvert en utilisant les outils numériques ou des plateformes d'idées physiques. Cela me semble plus utile, faute d'être concret. Bleu-Blanc-Zèbre en est une belle illustration. L'indignation pleine de bons sentiments est indispensable mais versatile, sinon futile. L'engagement constructif dans le milieu social ou civil, et sa valorisation reste à faire. Au pire, un banc public dans un parc spinalien est une tribune bien plus intéressante que n'importe quel micro national. J'ai confiance. Je vais bientôt me réveiller, adieu les mauvais rêves.
Marcelle LHEUR